Mon féminisme, ma puissance, mon yoga


Avant toute chose, j’aimerais oser un constat douloureux mais réel : j’ai passé la majorité de ma vie à me faire marcher sur les pieds. Ça aura le mérite d’être clair. Qui plus est, par des personnes qui n’avaient pas le profil du bourreau en apparence, mais qui exerçaient pourtant de la manipulation inconsciente & subtile en permanence. SIC. Ceci est une réalité, même si elle est difficile à admettre pour quelqu’un qui a rarement lâché sur ses désirs profonds, quitte à être prise en exemple sur ce sujet. DOUBLE SIC. La réalité, c’est que je n’avais que peu d’amour-propre car celui-ci demande de traverser ses peurs pour oser être soi. C’est une toute autre affaire, oser être soi. Il était beaucoup plus facile de laisser des gens entrer dans mon système comme dans un moulin, se servir et partir en claquant la porte sans dire merci. TRIPLE SIC & double dose de tristesse.

Moi, j’appartiens à la famille des « poules mouillées » de l’affirmation de soi : aucune revendication ne me stimule, à part celle d’être libre de vivre ma vie comme je l’entends, aucune lutte groupale ne sonne juste à mes oreilles car j’y perçois souvent trop de victimisation, et que les individus se cachent au sein du groupe. Ah oui, je suis également trouillarde de nature et très douillette. Bref, le chemin a été long comme tu peux l’imaginer.

La puissance intérieure, elle, repose sur une simplicité désarmante. Littéralement, les armes en tombent. Les tiennes, et celles des autres. La puissance met tout le monde d’accord car elle est juste. La puissance de laisser vivre tes désirs naturels, sains, uniques, de te laisser surprendre par eux et par leur matérialisation que tu ne maîtrises qu’en partie. La vie et toi, c’est 50 / 50. C’est une danse à deux dans laquelle l’effort & le « laisser vivre » doivent être placés au bon endroit. Cette danse est un véritable art. Du moins certains en font un art. J’aimerais penser que tout le monde fait de son mieux, mais la réalité est beaucoup plus nuancée. Tout le monde fait, oui. C’est tout ce dont je suis sûre aujourd’hui, et sans cynisme aucun. Faire de son mieux demande du cœur, et ce n’est pas le choix de tout le monde. Il comprend des risques et des bénéfices, notamment celui d’être touché.e en plein cœur. Ça demande du cran.

Vivre dans sa puissance, c’est oser créer ce qui n’existe pas encore. Il n’y a plus de référence extérieure lorsque tu entends créer quelque chose qui n’existe pas encore. Il n’y a plus « les autres » et « moi ». Il n’y a que toi avec toi, ce que tu souhaites, à quoi tu aspires, à quelle humanité, à quel type de relations, à quels projets, sous quelles formes. Du moment qu’il y a encore « les autres », tu es déjà à côté de ta puissance. Tu n’assumes pas. Tu n’oses pas pousser l’affirmation plus loin. Tu mijotes dans ton impuissance.

Vivre dans sa puissance plus particulière de…femme, c’est pour moi oser incarner au particulier ce dont les luttes féministes nous parlent en théorie. C’est oser voir les tenants et aboutissants du système patriarcal en place, sans aucun jugement. Ils sont un fait extérieur, je l’envisage droit dans les yeux. Comment je choisis de poser des actes créatifs qui vont dans une direction autre avec ce fait extérieur existant ? Voilà ce qui m’intéresse, car j’ai du pouvoir là-dessus. Et si l’on me prenait comme modèle alors que mon indépendance n’était que de surface, qu’est-ce que ce sera quand celle-ci viendra de ce que j’ai de plus cher.

Mon féminisme, ma puissance.

Et mon yoga.

Merci (car j’ai toujours été polie).

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