Parent yogi

Dans un précédent article, j’évoquais la difficulté à laquelle la pratique régulière du yoga confronte TOUT LE MONDE. La difficulté d’un engagement systématique, le seul qui va changer des choses dans la matérialité. Le reste ne laissera pas beaucoup de traces dans l’histoire. Les microdécisions et micro-actions ponctuelles ne construiront rien, même si on peut toujours continuer à se dire que « c’est déjà pas mal non« . La confrontation à ses propres mécanismes internes (freiner des 4 fers, s’inventer des excuses, remettre à demain, faire vite pour ne pas faire. Etc.). Si vous pensez encore que la pratique du yoga a quelque chose à voir avec des étirements…il n’y a aucun souci. Bienvenue ! Mais c’est plutôt la musculature du mental que l’on va d’abord rencontrer et c’est normal ! Mets-toi simplement dans la tête d’un sportif de haut niveau.

Devenir parent est un autre engagement pour le moins systématique qui existe aussi dans la matérialité 🙂 Ooooh oui, c’est le moins que l’on puisse dire ! Indéniable. Exigeant. Intense. Et c’est tous les jours. Devrais-je rajouter toutes les nuits ? Combiner un chemin de yoga avec la parentalité m’a mis face à des choix cornéliens, et je ne cesse de chercher la bonne formule. [Note parallèle : je suis également comme vous, je travaille et tout et tout hein…]. Exemple : dormir ou respirer ? Manger ou respirer ? Dormir ou manger ? Allaiter ou aller aux toilettes ? On en revient vraiment à la base de la pyramide des besoins, sans mauvais jeux de mots.

J’ai effectué ma dernière pratique d’ashtanga adaptée le matin de mon accouchement. Enfin exactement la veille car le processus a duré + de 24h. Au passage, c’est quand même dans les pires moments qu’apparaissent tes VRAIS amis. A savoir, le souffle, le seul fil qui m’a permis de tenir jusqu’au bout. La vie ne tient parfois qu’à un fil, sois sûr d’installer le bon dans ta vie. C’est dans cette direction qu’il faut mettre ton énergie. Cinq jours plus tard et 10h de sommeil cumulé en cinq jours, j’ai déroulé mon tapis pour 20 min de Surya Namaskara adaptée. Ma fin est proche il est temps d’écrire à mes parents, disait ma tête, mais ce ne fut pas le cas. J’ai eu le sentiment de retrouver une micro-poche d’identité et de respiration. J’ai ensuite pratiqué de manière totalement anarchique. A 3h du matin, à 22h…d’un point de vue énergétique ça n’avait pas beaucoup de sens sauf si tu connais le chaos que peut constituer le postnatal. Auquel cas, tu comprends que c’est déjà un bel effort. Merci ! 2 mois et demi après, j’effectuais la pratique presque complète de la 1ère série d’ashtanga en mode « sac de patates qui transpire comme un goret » [jeune, j’étudiais la poésie, il reste quelques indices]. 4 mois et demi après, je faisais mes « dropbacks » et une partie de la série intermédiaire en Italie avec Lino Miele en mode « tout ça n’a aucun sens, je n’en peux plus, pratique de m**** !« . Pourtant, dans l’après-coup, mon niveau d’énergie avait très légèrement remonté même si je n’arrivais plus à marcher correctement du fait des courbatures. D’ailleurs, la colère est un signe qu’on a de l’énergie. Si tu es en colère, c’est plutôt une bonne nouvelle. Il y a des personnes sur cette Terre qui n’ont même plus le jus !

J’ai vraiment pu vivre de l’intérieur la remontée très progressive de mon niveau d’énergie au fil des mois et des pratiques. Chaque pratique a amené son lot d’observations et dans l’après-coup, un petit palier de monté. A 20 mois, j’ai senti un shift et j’ai dit à mon compagnon : « je crois que je suis revenue comme avant« . Trois nuits blanches plus tard, « euh enfin comme avant mais maintenant quoi » 🙂

Si tu es un parent, tu es un sportif de haut niveau. Si tu es un yogi, tu es un sportif de haut niveau. Si tu es un parent yogi, tu es un athlète olympique mais simplement personne ne le sait…quand tu marches dans la rue, repense à cet article. Toi même tu sais yo-om.

Leave a comment

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked (required)