La peur & le souffle

Écoute-les.

Prends le temps d’écouter cette respiration qui n’est plus tout à fait la même qu’hier. Pas encore une autre. Éduque-toi à écouter ta respiration. Juste…écouter. Le peux-tu ? Peux-tu faire ce que tu n’as jamais fait et être là où tu n’as jamais été ? Il y en a eu d’autres avant toi des téméraires, tu sais.

Prends le temps de sentir comme tu as du mal à te laisser remplir. D’air. D’énergie. De vie. Sens comme tu te refuses à être nourri(e). Sens comme tu as si peu d’espace à l’intérieur de toi que ça en devient une souffrance. Ton coeur étouffe. Ton âme s’atrophie. Ton corps se rétracte. Sens comme ton diaphragme est à l’arrêt. Trop rarement relâché et si faible lorsqu’il devrait au contraire être le plus puissant. Va doucement. On ne tire pas sur les pétales d’une fleur pour qu’elle s’ouvre. Tu dois être un(e) artiste dans cette vie.

Descends. Un peu plus profond. Dans les tréfonds de ton souffle, dans l’espace où tu ne vas jamais t’aventurer au sein de ce que tu appelles (un peu rapidement à mon sens) ta « vie ». Jusque dans le réservoir de ta peur. Reste-là. Et touche-la. Donne-toi le temps, car il en faut. Je suis toujours là, avec toi. Sens la limite au bout de ton inspir, accueille-la. Putain que c’est dur. Sens les larmes qui viennent avec, les tremblements dans ta mâchoire, ta poitrine qui menace d’exploser. Accueille-les. Il faut du courage pour accepter d’être aussi exposé(e) et vulnérable dans ses propres profondeurs. Il faut un putain de courage. Ouvre l’espace autour de la limite. Envisage la limite avec amour. Et envisage-toi avec l’amour le plus fondamental. Combien de vies te faudra-t-il enfin pour accepter de t’aimer ?

Descends encore. Sens le vent de panique et de détresse qui lève ses voiles. Ton corps, pourtant immobile, tremble sur un autre plan. À ce stade, c’est de l’ordre de l’instinct de survie ce que tu contactes là. Archaïque. Brut. Profond. Dans ce qui n’a pas encore de forme. Comme un mala de perles, la plus petite des peurs fait vibrer la plus grande. Laisse la peur la plus fondamentale te secouer de l’intérieur. Qu’est-ce que tu risques à part être secou(é) ?Je sais que tu as peur de la mort là, je ne suis pas idiot à ce point. Accepte de laisser partir le souffle. N’aies pas peur car tu es toujours là. Regarde comme tu es toujours là. Et là encore ! Dans l’espace entre les actions, vois comme tu es toujours là. Dans ce que tu nommes « le vide », tu es toujours là. C’est une sacrée expérience ce que tu vis là non ? Ou une expérience sacrée.

Expérimente comme l’existence te traverse et comme la peur sème des barrages si tu la laisses faire. Sens comme tu es traversé(e)…si tu décides de te laisser traverser. Sens comme accepter n’a rien à voir avec le fait de capituler. C’est Être. Tu es en sécurité avec l’existence. Sens comme il est merveilleux d’accepter. Les larmes, promis, ne sont au fond rien de mauvais.

Laisse partir loin de toi l’air…encore un peu plus loin. C’est ok, c’est même joyeux ! Et RIS bordel ! PLEURE ! RIS ! PLEURE DE RIRE ! Vois comme l’existence est une amie qui te veut du bien. Vois comme tu es toujours là ! Tu es toujours là !!! Sans la peur, tu es toujours là…même encore plus qu’avant, dans ta pleine humanité. Laisse la vie couler dans les canaux de ton être et se répandre autour de toi. Laisse le meilleur de toi se répandre autour de toi. De toute façon, tu as toujours aimé partager pas vrai ? Ce dont je te parle là, c’est du vrai partage.

Tu as été si courageux(se). J’en suis profondément ému(e), pfiou. Tu as fait le premier pas, réputé le plus difficile. Prends le temps de voir ça. Et maintenant, pratique. Tu es, et seras, toujours en sécurité à l’intérieur de toi. Tu es, et seras, toujours fondamentalement aimé(e) dans cette existence. Je serai toujours là pour toi.

Ta respiration.

Leave a comment

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked (required)