La dévotion, l’attitude ultime
La dévotion et le respect sont signes d’une conscience qui se stabilise, signe aussi qu’une maturation progressive – parsemée de constructions/déconstructions intérieures – a bien eu lieu, d’une capacité réflexive musclée, d’une forme de santé de l’étage mental : bref, d’une humilité incarnée…
Yoga : Être dans son corps pour faire corps (société)
Lorsque nous arrivons en fin d’après-midi un peu fatiguées au tout petit village de Melkote dans le sud-ouest de l’Inde, Mathilde Roume et moi nous retrouvons par une chance inouïe à attendre notre plat de riz à l’intérieur de la maison d’une famille dont les hommes sont des pūjaris depuis plusieurs générations (prêtres hindous). Les pūjaris sont des brahmanes ayant reçu la transmission de la charge des rituels dévotionnels…
Là où le yoga de masse ne pourra rien pour vous
L’ignorance serait alors de s’attaquer au mental de la performance…par le mental lui-même. Notamment en disant « ici nous ne sommes pas dans la performance, détendez-vous, om shanti ». Et de penser que la chose est réglée alors que le travail n’a même pas démarré en réalité ! C’est à cet endroit que, de mon point de vue, le yoga de masse ne pourra absolument rien pour vous…
Yoga : la voie de l’artiste
La pratique d’un yoga postural bien amené constitue une voie d’entrée royale vers le monde de l’intériorité. Ce-dernier ne demande pas à être théorisé dans l’urgence, l’intériorité existant depuis toujours et ne nous ayant pas attendus pour délivrer ses fruits. Au contraire même, toute tentative de nommer quoi que ce soit, puis d’en faire des montages intellectuels frénétiques se posera systématiquement en obstacle du ressenti et de l’exploration. Autrement dit, commencer une pratique visant à cultiver son intériorité (telle le yoga), demande d’emblée un lâcher-prise au niveau de nos automatismes rationnels. Se taire. Ceci demande un niveau de confiance corporelle, relationnelle, suffisamment éveillé pour accepter ce lâcher-prise…
J’ai eu si peur : j’ai cru que je ne reboirais plus de jus d’orange
Car les saveurs ne s’extraient des plis de la réalité qu’à l’occasion d’une forme de ralentissement. Autrement, ce même monde a l’éclairage des néons de supermarchés, l’odeur de la Javel sur laquelle on aurait un peu trop forcé, et le rythme du TGV. Au final, on n’a rien vu du paysage, on ne gardera aucun souvenir de l’expérience. Ce monde n’est plus vivant, il est juste fonctionnel. Tout ceci est d’une tristesse absolument accablante.
Ma route en yoga patriarcal
Je pense que le yoga ashtanga ou le yoga Iyengar sont piégeux. Demandeurs en investissement, ils peuvent devenir le terreau idéal du déploiement des habituels mécanismes de domination / soumission, sous couvert de respect de la tradition. La tradition, toujours changeante, devrait être définie avant d’en exiger à quiconque l’éventuel respect.
Les contours de l’Amour – lettre à mon fils
Cette histoire est d’une banalité qui crée des réticences en moi : est-ce que je parle de cet enfant qui hante mes nuits de ses réveils depuis plusieurs années ? Cette souffrance ordinaire est-elle digne d’intérêt dans un environnement qui tend à glorifier les succès à 6 chiffres, que l’on fait paraître être advenus « overnight » ? Car cette histoire n’est qu’une pauvre histoire de tous les jours, à la Zola mais sans aller jusque-là. Elle se vit surtout dans beaucoup de silence, les yeux humides et les questions, sans réponse. Voilà la vérité toute nue : j’ai accouché d’un enfant qui ne dort pas bien.
Mon féminisme, ma puissance, mon yoga
Vivre dans sa puissance plus particulière de…femme, c’est pour moi oser incarner au particulier ce dont les luttes féministes nous parlent en théorie. C’est oser voir les tenants et aboutissants du système patriarcal en place, sans aucun jugement. Ils sont un fait extérieur, je l’envisage droit dans les yeux. Comment je choisis de poser des actes créatifs qui vont dans une direction autre avec ce fait extérieur existant ? Voilà ce qui m’intéresse, car j’ai du pouvoir là-dessus.
Faire l’amour à la vie
Je me souviens sentir un flux qui irriguait mon dos pendant que je conversais avec les oiseaux (façon de parler). Ça me donnait chaud. Je me souviens me sentir prête. Très prête. Ce picotement qui me tirait du lit, je le ressentais comme une urgence à vivre. J’avais très envie de vivre.
Yoga Shala interviewe…Annick Goueslain
Annick Goueslain pratique le yoga ashtanga depuis les années 95/96. Elle compte parmi les pratiquant.e.s français les plus expérimenté.e.s. Quand elle ne forme pas des enseignants, elle vit et enseigne à Aix-les-Bains.