Depuis quelques années que j’ai décidé d’intégrer la pratique ancestrale du yoga à ma vie de femme occidentale du début du 21ème siècle, je dois reconnaître qu’elle ne cesse de m’éclairer à tous les niveaux. Au passage, j’insiste vraiment sur cet aspect décisionnel, rien de valable ne vient jamais frapper à notre porte sans intention ni sans efforts soutenus. Tout cela se faisant généralement en silence, dans la solitude et avec 3 bouts de ficelle au départ, lorsque cela finit par donner quelques effets après quelques années (ex : être plus joyeux dans sa vie, plus serein), certains invoquent alors la chance, sans voir la sueur et les choix parfois difficiles derrière…Vous avez remarqué aussi ?
Bref, j’observe que je ressens mieux les choses, corporellement, émotionnellement, relationnellement certes…mais aussi dans le rapport à ce qu’on peut nommerles « divertissements » en général. Aujourd’hui, je vais donc vous parler de « faire la fête, la fiesta, la bamboula…etc. » On aborde là un champ de pratiques qui nous attirent typiquement à l’extérieur de nous-mêmes : boire un verre, voir du monde, écouter de la musique, aller au cinéma, au spectacle…en ce qui concerne le voyage, l’affaire se complique car d’expérience, il peut aussi nous mener au cœur de nous-mêmes, tout dépend ce que l’on en fait dans la forme et dans le contenu. Se divertir, c’est étymologiquement faire diversion, s’éloigner de soi, autant dire que la démarche va dans la direction radicalement opposée au yoga qui lui, au contraire, nous ramène sans compromis à l’intérieur. Si bien que souvent, on peut en venir à une simplification qui consisterait à dire que s’engager sérieusement dans la voie du yoga, c’est mettre de côté les divertissements. Bouuu les mauvais yogis qui sortent dans un bar ! L’affaire est bien plus complexe en réalité, c’est-à-dire dans la pratique.
Au printemps dernier, j’ai eu la chance de suivre un stage de pranayama avec Sudhir Tiwari, fils du célèbre O. P. Tiwari, grand maître de yoga indien respecté mondialement pour ses enseignements de pranayama (notamment). J’ai rempli frénétiquement mon carnet de notes au cours du stage tant j’ai apprécié l’enseignement de Sudhir. En un mot,la clarté. Alléluia ! Et sans mettre de côté la complexité des phénomènes, ce qui est tout un art. Si seulement certains de nos enseignants d’Université en prenaient de la graine…Toujours est-il qu’il a traduit en une phrase que le style de vie « yoguique » consiste en un mode de vie qui supporte le « Soi ». La direction est donnée mais le contenu est propre à chacun. Chacun trouve ses outils et développe le discernement entre ce qui l’éloigne, et ce qui le rapproche. En ce qui me concerne, boire de l’alcool est une chose que j’ai abandonnée par exemple, elle me dessert. Mais danser me réussit au contraire. Et personne ne peut parler à la place de quelqu’un d’autre dans ce domaine. Pour cette raison, je n’ai jamais adhéré au principe des « conseils » donnés à quelqu’un, je remarque qu’imposer sa vision à quelqu’un peut même être vécu comme une forme de violence.
Hier soir donc, j’ai fait la fête. Kaboum ! Alors comme je fais rarement les choses à moitié dans ce que j’entreprends, je me suis couchée à 6h du matin. J’ai une expérience de la fête assez étoffée je dois dire, de part mes années d’Université, notamment à l’étranger. Je pense avoir été au bout de l’expérience…et au bout justement, et bien je n’ai rien trouvé de très satisfaisant profondément. L’organisme est épuisé, les relations tissées sont souvent superficielles, et surtout c’est très décevant si l’on cherche là-dedans une forme de nourriture plus profonde. D’où un point ici fondamental : le problème ne vient pas de ce que l’on fait, mais des attentes que l’on en a. Ne pas trop attendre des divertissements que l’on nous propose (et de l’extérieur en général)…et Dieu sait qu’on nous en propose ! Tout nous attire à l’extérieur et si ces pratiques apportent malgré tout quelque chose (une légèreté, un défouloir…), le sentiment d’être bien avec soi ne vient pas de là. L’adresse n’est pas la bonne, on peut tourner en rond longtemps, ce qui vous en conviendrait, est frustrant.
Décider de cultiver activement une pratique de yoga dans sa vie, c’est prendre les divertissements pour ce qu’ils sont. Et les apprécier d’autant plus, ils deviennent une forme de célébration de la vie et non une manière de noyer son chagrin. Amusons-nous pour les bonnes raisons !
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